lundi 28 juin 2010

Adieu Grand Frère N’Gaïdé

 

J’ai appris avec consternation le décès de Hamidou N’gaïdé, et c’est avec une infinie tristesse que je republie ici un article que j’ai écrit à propos de cet homme il y a quatre ans.

Et je le réitère encore ici avec la ferme conviction qu’avec la disparition de cet homme, il ya quelque part une Mauritanie qui s’éteint. Celle de la simplicité, de la générosité et de la tolérance envers tous ses enfants. Ina lillahi wa ina illeyhi raji’oun.

Il était une fois… la Mauritanie autrement : 

le salon de N'Gaïdé

Beaucoup d’étudiants et de familles qui sont passés en Tunisie connaissent bien ce diplomate mauritanien qui dans les années quatre-vingt avait grand ouvert les portes de sa maison à tous les mauritaniens.


Voyageurs de passage, étudiants en rupture de bourse, expulsés de pays voisins, sans papiers… tout le monde se retrouvait chez N’Gaïdé et jamais il ne se plaignait. Il recevait tout le monde et personne ne déclinait son identité pour bénéficier du toit de N’Gaïdé. Il avait besoin d’un toit, d’un gîte ou d’un couvert, N’Gaïdé le lui offrait. C’est autant dire que le salon de N’Gaïdé était le lieu de rencontre de tous les mauritaniens, sans distinction d’ethnie, de langue, de couleur ou de provenance.


Dans ce salon, les femmes maures, toucouleurs, soninké, oulofs et de bien d’autres ethnies s’occupaient des bébés des unes et des autres, cuisinaient ensemble, partageaient les mêmes lieux avec un sens infini de l’amitié et de l’entraide…. Les enfants eux-mêmes s’attachaient souvent à des femmes qui n’étaient pas leurs propres mères et quand le temps arrivait de se quitter, on assistait à d’émouvants adieux. Jamais on n’a pu voir une telle osmose de gens de différentes ethnies, de différents langages que dans le salon de N’Gaïdé.


Et ces enfants qui dans le salon de N’Gaïdé se sont assoupis dans les bras de quelque étranger de passage , ces enfants toucouleurs qui ont vécu et joué avec des enfants maures dans le salon de N’Gaïdé sous le regards de leurs pères à l’heure d’un thé partagé et ces femmes qui nourrissaient des bébés d’autres femmes en leur absence et qui ne savaient même pas comment leur dire « mange » dans leur langue, sont des images d’une grande sagesse …Et quelles images sont-elles là,  sinon ce que devrait être la Mauritanie.


Le salon de N’gaïdé, n’est pas une allégorie, il a eu l’immense avantage d’exister pour tous ceux qui l’on visité durant ces années-là . Il leur en est resté une inestimable expérience ; celle d’avoir vécu la Mauritanie autrement.


Nous voulons un Etat à l’image du salon de N’Gaïdé. Un Etat où tous nos enfants se sentent enfants de Mauritanie, sans distinction, de couleur de race ou d’ethnies. Nous voulons que l’Etat soit un toit pour nos enfants de demain tel que le fut dans la tolérance et le partage le salon de N’Gaïdé.


Le salon de N’Gaîdé où souvent a éclaté la bonne humeur en langues et dialectes multiples a certes donné à tous ceux qui y sont entré la chaleur d’un foyer loin du pays mais plus important que cela encore, il est certain que ceux , tous ceux, qui y ont trouvé cette osmose se sont certainement retournés en le quittant . Ont-ils compris que ce qui nous sépare est bien moins important que ce qui nous unit ?


A la vieille de cette démocratie naissante, faisons que pour nos enfants, demain l’Etat mauritanien ressemble au salon de N’gaïdé.


Pr ELY Mustapha

Cet article a été publié la première fois sur Cridem le 13 Mars 2007.

9 commentaires:

  1. Bonjour Moustapha
    J'espère que le rêve de Hamidou se réalisera un jour. C'est un pullar, mais presque tous ses enfants ont des noms à consonnance arabe. Il ne comprenait pratiquement pas le français. Il avait fais ses études à Boutilimitt et était parti au Caire pour temober dans la diplomatie. Il s'est toujours battu à sa manière pour une mauritanie plurielle. C'est d'un tel président que la Mauritanie a besoin pour que l'intolérance, le fanatisme, ou encore le " takkaburu" quitte à jamais ce pays qui sert véritablement d'union entre l'Afrique blanche et l'Afrique noire soit un exemple de réussite. En Arique du Sud, ils y sont parvenus grâce à un grand homme. Cet homme on le cherche encore en Mauritanie.
    Merci encore pour le relecture de ce témoignage, cher ami.
    Je me souviens des soirées de belote dans ce salon et tu dois aussi te souvenir de Baba qui cherchait désespèrement à se rendre en Libye. La plupart des dirigeants du pays sont passés par ce salon. Que la terre de Djéol lui soit légère. Inna lillahi wa inna ilaihi raajiina.

    Moustapha Ngaidé

    ngaide@gmail.com

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  2. pr
    beau et touchant temoignage!
    En fait les mauritaniens dans leur grande majorité n'ont aucun problème à coexister et sont très solidaires entre eux,surtout lorsqu'ils sont à l'étranger.Ce sont quelques égarés qui sément la discorde dans ce peuple pacifique et soudé par des siècles de coexitence.
    Pour préserver cet acquis,il convient de clouer le bec à ces brébis galeuses (notamment par des temoignages de ce genre) et d'inculquer aux enfants (à la maison et à l'école) que la couleur,l'ethnie,la tribu n'ont aucune importance et que ce qui importe c'est la nation mauritanienne à laquelle nous appatenons tous.En tous,c'est ce que je fais avec mes enfants et je vous assure que c'est très efficace pour avoir des enfants sains d'esprit,débarrassés d'aprioris et de maux comme le racisme et le tribalisme...

    A+

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  3. Ina lillahi wa ina ileyhi rajioun
    Sinceres condoleances a la famille de Ngaide, a tous les anciens de Tunis et a tout le peuple maritanien qui aperdu l'un de ses plus valoreux fils.
    Merci Prof

    Le Bardolais

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  4. Merci Prof pour cet émouvant et sincere temoignage.Personnellement je n'ai jamais entendu de Feu "NGAIDË" ,à present je regrette de n'avoir eu l'occasion de le connaître.J'en connais moi aussi un autre "Ngaidé" que j'ai connu quand j'etais étudiant au Maroc dans les années 80,cet homme aussi recevait tous les enfants du pays sans distinction entre eux,que ce soit chez lui ou dans son bureau.Cet homme m'a beaucoup aidé a cet epoque et je n'etais pas le seul a beneficier de son assistance,les etudiants lui doivent beaucoup.On n'oublie jamais les bienfaits des autres à moins qu'on soit ingrat.A Hassan Ould Sidi Brahim ,je souhaite une longue vie et beaucoup de prosperité.

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  5. Bonjour Pr,
    Que NGAIDE repose en paix,quant à Hassan Ould Sidi Brahim je lui souhaite une longue vie,mais sachez aussi que c'etait un autre NGAIDE "HASSAN" mais cette fois au Royaume Cherifien. jaber ..... ya mess mevhoum oul youm le jaber..... gher çà ..... bahd lyoum mahou houwe ..... yamess.
    Pour les intimes des années 80.

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    1. Bonjour
      je suis a la recherche d une personne mauritanienne hassan ould sidi brahim cela fait tres longtemps que je le cherche. Il m a bcp aide quand j etais petite et je n ai jamais eu l occasion de le remercier. A ce moment il etait diplomate au maroc pouvez vous me faire signe svp si vous avez des nouvelles. Je vous serais reconnaissante

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  6. merci prof
    Ngaide etait un grand homme ,simple,courtois ,un vrai Mauritanien ellah yerhmou .je demamde au Maire Ahmed ould Hamza de nommer la ruelle situe devans le Ministere des Affaires etrangere a son nom

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  7. inaa lillahi wa inaa illeyhi raajjouna
    J'ai eu la chance de le connaitre en Tunisie,mais combien ce monsieur etait si hospitalier?
    Il ne faisait meme pas de difference de nationalites pour ses visiteurs tous d'infortune.Il ne s'est jamais plein de l'occupation quasi permanente de son salon qui une fois rempli, le reste squate la nuit au balcon voire meme la cuisine.
    MERCI NGAIDE POUR CETTE LECON DE TOLERANCE

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  8. salah eddine sy7 août 2012 à 02:18

    Oncle paternel,fils de kadji sy soeur de mon grand pere hamady al maghami sy,Hamidou est celui qui sans se lasser recous,resoude,revisite toute sa parente sans relache.Exile depuis 1986,ma femme d'origine senegalaise s'est rendu en Mauritanie pour visiter ma famille et a cette occasion,inlassablement il conduisit mon epouse partout ou un seul parent pouvait se trouver qu'il soit de maghama ou de djowol.C'est une peine immense que j'ai ressenti lorsque j'ai appris son deces et ce surtout que quelques jours auparavant on discutait par skype.A ses epouses aux enfants et a baba Alassane et atoute la famille Ngaide toute notre compassion.Que Allah dans sa misericorde lui accorde le paradis .Au professeur Ely Moustapha toute notre gratitude.Salah Eddine sy

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Poésie de la douleur.