dimanche 11 août 2013

Elections démocratiques au Mali ….en attendant le troisième tour

 

…En attendant le prochain coup d’Etat militaire pour « restaurer la démocratie et remettre le pouvoir au peuple »

Les-urnesQue d’énergies dépensées au Mali pour mobiliser des populations entières, organiser des élections à coup de millions d’euros pour élire un président. Que de discours de prises de position, de soutiens nationaux et internationaux. Que d’espoirs suscités auprès d’une pauvre population par des politiques aux programmes ronflants. Que de tours, du premier au second. On crie, on gesticule, on s’aligne ou se désaligne ou jauge on évalue et on va voter, laissant le temps de ce geste ses affaires, pour un espoir République démocratique. Et pourtant… ce ne sont que des élections d’un Président qui sera en attente de celui qui va le renverser.

Ce n’est certes pas là ce que tout démocrate souhaite mais c’est le pragmatisme de l’Africain qui l’impose et qui suscite des questions : peut-on continuer à élire des dirigeants qui sont renversés le lendemain par quelques militaires assoiffés de pouvoir ; pire encore, peut-on continuer à déverser des millions en devises fortes pour organiser des élections et susciter l’espoir chez un peuple qui sait que demain il sera berné et trahi alors que lui-même, faute de moyens, crie famine ?

Ibrahim Boubacar Keïta, du Rassemblement pour le Mali ou Soumaïla Cissé, de l'Union pour la République et la démocratie ou encore l’un des 25 autre candidats malheureux au premier tour, qu’importe. L’un deux gagnera les élections au second tour, mais en fait ce n’est pas ce tour le plus important.

Le plus important de tous, c’est le troisième tour. Celui-là même par lequel un militaire tapi dans l’ombre attendant son (troisième) tour prendra le pouvoir pour, dira-t-il, «restaurer la démocratie et remettre le pouvoir au peuple ».

Celui qui gagnera les élections au Mali n’est qu’un potentiel « renversé », « un ancien président déchu » s’il n’est séquestré, mis en résidence surveillée, exilé ou pire liquidé. Le prochain élu à la présidence malienne est un « autre Amadou Toumani Touré », en sursis.

Que d’énergies donc dépensées pour mobiliser tout un peuple que ses propres militaires berneront encore une fois.

En quelques décennies, l’Afrique a subi des dizaines de coups d’Etat (on en dénombre plus de 80 !) balayant des régimes démocratiquement élus. Il est donc certain que le Mali à l’instar des autres pays d’Afrique continuera à subir les coups d’Etat.

En effet, si tout a été fait, financièrement, matériellement et humainement pour préparer les élections au Mali, qu’a-t-on fait pour qu’elles ne soient pas vaines et soufflées par un prochain coup d’Etat ?

Qu’a-t-on fait pour garantir qu’il n’y ait pas de coup d’Etat à venir ? Pense-ton que des élections démocratiques vont empêcher les militaires de prendre le pouvoir dans les prochains jours, mois ou années ? Après les bérets verts au Mali, pourquoi pas les bérets rouges ?

En fait, toute la misère qui est faite aux peuples africains (appuyée par le défaitisme de l’Union africaine face aux putschs), c’est de leur faire croire qu’à travers les élections libres on leur garantie la démocratie. Et l’on oublie que si la démocratie se manifeste à travers les urnes elle nait d’abord dans les esprits.

La démocratie n’est pas seulement un bulletin que l’on jette dans une urne, c’est une attitude, une culture. En tant que telle, elle se cultive ; et si elle a trouvé un terroir favorable dans le geste du peuple d’aller voter, elle ne pousse pas dans l’esprit de ses dirigeants ni, pire encore, dans celui de ceux qui, à tous les échelons du pouvoir, doivent la garantir.

Plus qu’ailleurs, au Mali, pays meurtri et assoiffé d’espoir de vie meilleure, ce constat est douloureux.

Il est vrai que ce ne sont pas les votes du dimanche qui donneront aux peuples africains la démocratie. Ce sont de dirigeants élus responsables, intègres, relevant le niveau de vie des populations, menant leur pays vers la liberté et le développement, gérant au mieux les intérêts économiques et financiers internationaux de leur pays, une armée républicaine politiquement neutre et une culture démocratique bien établie.

L’on peut se prendre à espérer mais on n’atteindra jamais l’espoir que l’on entrevoit dans les yeux de ces maliennes et maliens allant voter ce dimanche. Il est vrai que « Même les nuits noires finissent par l’aurore » (proverbe Peul).

ELY Mustapha

 

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.